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cours de lettres modernes

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1 février 2010

CM Moyen ange semaine 1

CM Poétique du Moyen-âge

Introduction:

M.A: s'étend de 476 (chute de l'empire romain) à 1453 (chute de Constantinople).

Les textes étudiés durant ce CM sont en langue romane (entre le X et le XII siècle) ou autrement dit en ancien français. Cette langue était mal considerée par rapport au latin qui était encore la langue noble.

Ce sont pour la plupart des récits brefs mais qui ne peuvent pas être appelés 'nouvelles' car le terme apparaît qu'à la fin du MA avec le Decameron de Boccace (100 nouvelles racontées par des jeunes gens pendant 10 jours de peste, inspirées des récits brefs.)

Les récits brefs sont appelés: Lais, dits, exempla, fabliaux...

Au XIV on utilise plutôt le terme 'dits' qui désigne une poésie non chantée puis s'élargit à tout texte narratif.

La terminologie fluctuante, imprécise, est en partie du au fait que les auteurs voient d'un mauvais œil ce qui est nouveau 'novitas' donc ils utilisent une terminologie déjà existante.  L'originalité n'est pas reconnue comme une qualité donc on se rattache à ce qui a été fait avant. Il n'y a pas de tentatives de définissions de nouvelles catégories. Ce n'est qu'après qu'on a eu besoin de redéfinir et de créer des sous genres.

J.C Payen dans Lais, Fabliaux, exemplum: pour une typologie du récit bref en 1979 s'appuie sur les 'artes dicendi' qui sont des traités de rhétorique médiéval (qui imitent les traités antiques):

      • Inventio: qui concerne la recherche des idées, des thèmes, des personnages

      • Dispositio: recherche du plan, de l'articulation des idées, la tram narrative (en AF: 'conjointure')

      • Elocutio: phase de rédaction, recherche de formules, registre

      • Actio: recherche des gestes pour accompagner le discours

      • Memoria: mémorisation

Les trois premières étapes peuvent servir à différencier les récits:

l'inventio

Lais:

Les sujets viennent de la légende (récit dont on ne connait pas l'origine)  immémoriale, ils renvoient à une mémoire collective. Ex: Marie de France Lais du chèvrefeuille fait allusion au caractère légendaire de son récit dans le prologue elle parle de chants et de fêtes populaires avec des ménestrels, elle dissimule qu'elle est l'auteur en disant que c'est Tristan (d'Yseult) qui raconte. Ou dans le Lai de Gringuamor: rencontre entre un chevalier et une fée, renvoie au monde merveilleux, au folklore breton.

Fabliaux

Traite d'une généralité urbaine, d'une réalité quotidienne et contemporaine.

Dispositio

Lais

Notion d'aventure, J.C Payen « le héros du lai est un élu qui accède à un autre monde merveilleux » Il a des qualités hors du commun, il est valeureux aux armes comme il est un amoureux légendaire.

C'est un monde qui n'est pas quotidien: féérie ou rendu extraordinnaire par la puissance de l'amour.

Les aventures sont le départ vesr l'inconnu qui entrainne une rencontre avec le emrveilleux

Fabliaux

« Détourne le merveilleux selon des modalités burlesques » Payen

La narration preogresse selon une succecion d'accidents le plus souvent coquaces ou basés sur des jeux de mots grossiers, des quiproquo...

La cible est le plus souvent une profession respectée (chevalier, jursite, prêtre...), l'auteur malmène les personnages.

Romans courts

Donne une place essentielle à la parole tenue et retenue (secret, trahison, confiance...)

Ex: Le roman de Mélusine de Couldrette (1401), le héros Raymondin a épousé Mélusine à condition de ne pas chercher à savoir ce qu'elle fait le samedi. Son frère lui dit « Frère, je vous dit, votre femmes tous les samedis est de fornication avec un autre. » il décide alors de savoir et découvre que sa femme est moitié femme, moitié serpent, il a trahit sa parole, donc Mélusine part.

Elocutio

 

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31 janvier 2010

cours semaine 1 et 2 littérature comparée M Lombez

Formes et genres de la poésie occidentale,

de l'antiquité à nos jours.

 

 

Table des matières

I)Introduction: 1

Les genres lyriques 2

La forme en poésie 3

II)L'héritage antique 5

a-L'élégie 5

Ovide: 6

Élégie aux Nymphes de Vaux: Jean de la Fontaine. 7

Introduction:

Les notions de formes et genres sont victimes de flottement sémantiques. Genre, forme, types sont parfois confondus.

Pour les définir utilisons dans un premier temps le dictionnaire:

Genre: (latin genus) division fondée sur un ou plusieurs caractères communs (ex: le genre humain) = Le général, classement d'ordre intellectuel.

Forme: (latin forma) manière d'être extérieur. Configuration des corps, des objets, aspect particulier.

=Le particulier, constat d'apparence.

Un genre en littérature est une catégorie esthétique, identifiable à partir de marques et de procédés communs ( fixés par une tradition). Ex: L'iliade, utilisation de l'hexamètre dactylique donc c'est le genre épique.

Mais cette notion est trans-historique, au temps de Boileau on dénombrait jusqu'à cinq genres (lyrique, épique, dramatique, didactique et bucolique) et maintenant on en compte que trois.

Se rapproche de l'idée d'un modèle: imiter en appliquant des règles particulières. (le romantisme se lève contre ça).

Le genre n'est concevable, qu'à postériori, au vu des créations.

Goethe a essayé de définir au mieux ces notions, il prend pour cela exemple sur les sciences naturelles ou il y a une différence entre genres et espèces. Il a transposé cela en littérature ce qui donne la forme naturelle / genres majeurs.

Il y a trois formes naturelles :

        • Celle qui raconte clairement « Epos »

        • Celle qui s'enthousiasme « Lyrik »

        • Celle qui agit personnellement « drama ».

Les sous-catégories de ces formes naturelles sont donc les genres majeurs:

      • Epos à donné l'épopée

      • Drama: tragédie, comédie, drame...

      • Lyrik: sonnet, ballade, ode...

La forme fixe est un ensemble de règles fixées par la tradition (ex: le sonnet) mais ils évoluent aussi (ex: le sonnet en prose).

La forme naturelle est l'assemblage d'éléments sémantiques+thématiques+critères d'énonciation (processus de création d'un discours, locuteur, récepteur, circonstances...)+postures énonciatives du locuteur.

Les genres lyriques

Aristote: Poétique (335 av JC)  texte fondateur en Occident.

Le beau (cosmos) est lié à la notion d'ordre.

3 formes:

      • Le récit purement narratif (diégésis)

      • récit mimétique (mimésis) = théâtre

      • récit mixte: mélange des 2 précédents = épopée.

On peut remarquer que le lyrique n'a pas sa place ici, comme tout ce qui n'est pas narratif. Il ne l'a pas pris en compte même s'il connait cette forme.

Dans la république, Platon a écrit qu'il les met hors de la cité idéale car ils ne sont pas contrôlables, ils ne sont pas régis pas des règles. Même certain poètes mimétiques (comme Homère qui est mixte) ne trouvent pas grâce à ses yeux, car ils ne font qu'imiter, ce sont des copies dégradées des idées.  Aristote s'en démarque  totalement en faisant de la mimésis le centre de sa réflexion.

Poiesis: artisanat, savoir faire, pour le poète: appliquer des règles, artisan du langage, imite les actions.

On ne peut dire poète que celui dont on peut rendre l'œuvre rationnellement, voir Boileau, L'art poétique.

 

« les gens apposent le nom du vers au nom poète, ce n'est pas alors en raison de l'imitation qu'ils les baptisent poètes mais tous distinctement parce qu'ils utilisent le vers. On a coutume d'appeler poète ceux qui exposent un sujet de médecine, pourtant il n'y a rien de commun entre Homère et X que le vers. Il convient donc d'appeler poète Homère et naturaliste X. » (à vérifier!)

Aristote.

Il faut qu'il y ait du vraisemblable et du général pour poésie. # lyrique.

Il faut attendre le XVII en Europe pour penser à la forme lyrique dans ce type de discours, parce que le poète qui parle en son nom ne peut s'inspirer d'un modèle.

Genette: cette réduction aristotélicienne va peser lourd sur le développement de la poésie non narrative (lyrique).

Le genre lyrique est inclassable, on l'appelle hybride catégoriel jusqu'à Goethe ou en Italie et Espagne, ou ils essayent d'attester l'existence du genre lyrique. épopée et tragédie restent au 1er plan jusqu'au au XVII siècle.

1746, en France Charles Batteux (équipe de l'encyclopédie) ose aller contre Aristote les beaux arts réduits à un même principe (l'imitation). Il intègre le mode lyrique dans la réflexion poétique: poète IMITE des sentiments, il feint de ressentir ce qu'il exprime. Tour de passe-passe (Aristote ne parlait que de l'imitation des ACTIONS). Va faire avancer poésie lyrique, les romantiques vont pouvoir passer par dessus grâce à cette feinte.

Romantisme abandonne l'idée de mimésis (école du sentiment, du ressenti, qui ne fait pas bon ménage avec l'imitation), ne met plus la tragédie et l'épopée en premier.

L'épique va engendrer le roman (exit l'épopée).

Le (premier) romantisme allemand (1798-1802) propose une autre triade : ordre chronologique d'apparition des formes: Forme lyrique (seulement subjective) / Forme dramatique (objective) / forme épique (subjectivobjective). → Schlegel.

= un renversement. Le mode lyrique va devenir une archi-forme, on ne va parler que de ça et le mode épique se met à décliner (maintenant se retrouve dans l'écriture filmique) . Le lyrique va devenir un absolu et un universel (musique, arts, philosophie ressortent de la forme lyrique^^).

 

La forme en poésie

Peut-on rassembler tous les poèmes à forme fixe sous le même genre?

Forme fixe: renvoi à certaines règles établies qui doivent être établies pour l'identifier comme telle. → n'est pas un genre mais un protocole d'organisation du poème. (ex: un sonnet n'est pas comme un Kaïku).

De plus certaines formes fixes évoluent, deviennent formes semi libres ou libres, la fixité n'est que relative.

Période gloire forme fixe: antiquité et période classique. Par exemple les odes (Pindare) étaient accompagnées de musique. Et ils suivaient les préceptes d'Aristote.

Le romantisme prend ses distances mais ne s'affranchit pas totalement des formes fixes. Ex: Lamartine utilise de nombreuses règles dans se poèmes, tout comme Victor Hugo.

La forme fixe a-t-elle encore un sens dans la poésie aujourd'hui?  Haïku prend essor au XX (Claudel etc...)?

L'informe n'est pas pérenne (voir T. Tzara), aujourd'hui encore le sonnet et utilisé: Raymond Queneau (OuLiPo → rajoute des contraintes au sonnet).

Avantage de mémorisation du sonnet: cf: 30 sonnets composés au secret de Jean Cassou, à composé des sonnets en prison et les a retenus car n'avait rien pour écrire.

Aujourd'hui, besoin de revenir à un cadre, à une forme fixe après les découvertes du vers libre à la fin du XIX ou des poèmes en prose. Après 23 siècles, la poétique d'Aristote est toujours là.

5 niveaux dans la réflexion poétique littéraire:

      • Globalement: système littéraire, toute production écrite littéraire.

      • formes fondamentales qui considèrent l'œuvre comme un acte de langage et qui repose sur des situations d'énonciations (dramatique, lyrique, narratif).

      • Genres, spécifications des formes fondamentales. Marqués par l'historicité.

      • Les sous-genres: spécifient tels ou tels caractères du genre: ex: roman picaresque etc...

      • Le type: subdivision du sous-genre: le roman policier avec différents types.

25/01

Showing

Telling

Felling

Comédie

tragédie

drame

épopée

roman

Roman

épopée

nouvelle

conte

poéme didactique

Poésie lyrique

prose, élégie, ode

romans

théâtre (monologues lyriques

L'héritage antique

L'élégie

La poésie latine doit tout à la poésie grècque, ils utilisent une forme métrique particulière: distique élégique. Il n'y a pas de précision de contenu. L'élégie est d'abord une forme fixe puis évolue en genre.

Le distique élégiaque est un mètre qui fonctionne par 2 vers:

      • hexamètre (6 pieds)

      • pentamètre (5 pieds) -××/-××/--/××-/××-

/-××/ est un dactyle

/--/ est une spondée

×= syllabe courte

-= syllabe longue

  1. hexamètre= grande inspiration

  2. pentamètre= formulation du regret (le déséquilibre fait parti de la forme de l'élégie)

    Les thèmes utilisés sont l'amour, la mort, la guerre, pour les épitaphes et les épigrammes satiriques...

spectre sémantique: au début ouvert puis exprime seulement le malheur, le deuil = glissement de la signification, regrets de l'amour, de la jeunesse, de la patrie...

« le pentamètre donne l'expression d'un développement bancal, comme brisé par un sanglot » Pierre Grimal

= on ne garde que la notion sentimentale à partir de la renaissance= poème mélancolique à la 1ère personne , regret d'un amour qui est malheureux.

« la plaintive élégie en longs habits de deuil, sait, les cheveux épars, gémir sur un cercueil... »

Boileau

L'élégie est aussi entre l'expérience personnelle et collective (cf. Senghor).

A partir du XVI et jusqu'au XIX ( de ronsard à chenier), sur la finitude de l'homme, l'angoisse face au temps qui passe, la mort, ces thèmes vont en augmentant pendant le romantisme (avec un retour à la forme fixe, oubliée sous la renaissance). Ex: élégie sur un cimetière de campagne de Gray.

Rilke à la plus illustré le genre au Xxéme : les élégies de Duino.

Senghor: élégies majeures: genre occidental mais l'auteur se revendique aussi d'influence africaine en ajoutant des instruments, dont certains africains (cora, balafon, orchestre de jazz). Il renouvelle le genre tout en se maintenant dans une tradition millénaire (élégies chantées à l'époque antique), métissage du genre.

Ovide:

1er siècle ap JC (-43 à 17), au début il était le chantre de l'amour. A écrit l'art d'aimer , on suppute qu'il a été exilé à cause de ce texte, ou parce qu'il aurait vu quelque chose qu'il ne fallait pas.

Il écrit sous l'empire d'Auguste, c'est un poète proche du pouvoir.

En l'an 8, il est exilé à Tomis (Constanta) aux frontières de l'empire. Mais comme il a gardé sa nationalité il a toujours un espoir, il y a écrit les tristes, les pontiques (le pont= la mer noire).

Il exhale sa mélancolie, sa tristesse dans les élégies.

Auguste à fait bruler ses livres, effacer son nom.

Le poème « le poète à son livre » utilise une forme fixe.

Son intention est d'adresser un supplique à Auguste pour qu'il le fasse revenir.

Comment s'y prend-il?

      • il s'adresse à son livre, il est personnifié. Un genre de dédoublement. C'est son livre qui va parler à l'empereur= son messager. Il y a aussi un côté affectif « petit livre...ton maître ».C'est une prosopopée.

      • Il y a de nombreuses allusions à comment est fait un livre « myrtille, baume », = il ne veut pas un livre raffiné, mais dans son dénuement. // à sa condition d'exilé dans un lieu grossier, barbare + nostalgie pour le raffinement.

      • De nombreuses négations « nec...nec...nec... », insistance sur la perte.

      • « hirsute, détresse, échevelé »= image du deuil à l'antiquité (on ne s'occupait plus de ses cheveux), la papyrus reflète l'aspect du poète.

Quand il envoyait des lettres, elles mettaient 6 mois à arriver, donc il ne pouvait espérer recevoir des nouvelles qu'une fois par an, ce qui augmente sa solitude, ce qui explique l'importance qu'il donne à ses lettres.

« je n'ai que le pied de mes vers »= jeux de mot, ce qui fait que son pathos est maitrisé, on peut douter de l'authenticité de son expression littéraire.  Pied métrique.

L'image qu'il donne de Rome:

      • amante.

2ème strophe:

      • gloire littéraire, ce n'est pas un endroit propice à la création (il a une très bonne opinion de lui-même).

      • Fait comprendre qu'Auguste n'a pas pris en compte tous les éléments, pas équitable. « un bon juge étudie les faits avec leurs circonstances/ qu'on cherche celles-ci, tu n'auras rien à craindre ». « mes vers étonneront leur juge, s'il est équitable ».

      • utilise la structure du poème à donf: le pentamètre dément ce que dit l'hexamètre alternance. « calme/ orage »

      • topos de la navigation qui se retrouve partout dans le recueil, topos littéraire de l'élégie: renvoi à la notion d'exil et à l'agitation intérieure.

      • Se compare de manière orgueilleuse à Homère.

3 ème strophe:

      • 3 ème partie de son raisonnement: trop bien construit pour être véridique dans se souffrance.

      • Dernière strophe: effet miroir avec la première, apostrophe mais cette fois ci au Dieux (Auguste à été divinisé de son vivant: empereur dieu). Quel ton? Regret « que ne suis-je mon livre ». + effet de mise en scène.

      • Fait son examen de conscience: ambition qui l'aurait peut-être perdu.

Maintenant lecture difficile car lecture codée dont nous n'avons pas toutes les clés,se sont perdues avec le temps.

Élégie aux Nymphes de Vaux: Jean de la Fontaine.

Dédiée à Fouquet: sur-intendant des finances de Louis XIV, mis en disgrâce à cause d'une jalousie. Mécène de La Fontaine.

 La fronde: (1652)révolte des nobles qui vise Mazarin (qui avait le pouvoir à cette époque), Louis XIV en garde un souvenir cuisant: il faut avoir sa cour sous les yeux pour la surveiller. Louis XIV quand il monte sur le trône annonce qu'il va gouverner seul sans premier ministre, ce qui va entrainer des rivalités, des clans se forment: le clan de Fouquet (mécène, se forme une cour d'artistes et se fait construire le château de Vaux le vicomte (Louis XIV va pomper ses idées pour construire Versailles) ce qui va entrainer des problèmes, en plus il est libéral!!! le clan de Colbert orienté vers la guerre et partisan de l'absolutisme. 5 sept 1661: Fouquet voulait devenir 1er ministre de Louis XIV, l'invite chez lui et le roi se sent frustré devant le faste et la fortune de Fouquet, donc le met aux arrêts sous accusation de haute trahison.

Procès: ses amis vont essayer de le défendre= élégie aux nymphes de vaux de La Fontaine. Demande la clémence du roi // Auguste.

=exile de Fouquet dans le LIMOUSIN!!!! le drame!!!! puis prison ou il meurt. Moment ou la monarchie absolue règne vraiment en France.

Similitudes entre Ovide et la Fontaine:

      • écrit pour obtenir la clémence pour quelqu'un punis injustement.

      • Genre de l'élégie parce que très apprécié de Fouquet malgré que passé de mode.

      • Plus du tout dans le schéma du distique élégiaque (cf. glissement de la forme fixe). Alexandrin. Le ton reste dans le programme élégiaque: c'est une déploration.

[analyse du poème]

premier argument en faveur de Fouquet: la démesure humaine, défaut général de l'humanité.

31 janvier 2010

Cours 1 et 2 charroi de nîmes

TD Moyen-âge, L-Z = écrit: commentaire composé laisse 40 pour le 6 avril.

Le Charroi de Nîmes.

 

 

Table des matières

I) Intro: 2

II) La « matière de France » 2

III) Cycle de Guillaume d'Orenge 2

IV) Caractéristiques de la chanson de gestes 3

A- Un sous-genre épique 3

B-  La composition épique 3

C- la récitation 4

D- Conclusion: 5

V) Les structures et les motifs du Charroi de Nîmes 5

A- remarques sur la structure du texte 5

Les petites laisses 5

Les laisses moyennes 5

Les grandes laisses: 5

B- Les motifs narratifs 6

L'assemblée royale (motif de la cour plénière) 6

Paroles d'insulte et de menace, vantardises, cris de guerre. 6

La parole de remémoration des exploits passés 6

Le combat au poing (le cassage de gueule) 6

C- Motifs rhétoriques 6

L'armement 6

La mêlée générale 7

Le portrait du héros. 7

La mobilisation des chevaliers. 7

 

 

Intro:

C'est une chanson de geste anonyme datant du début du XII qui a pour personnage Guillaume Fierbrace (futur Guillaume d'Orenge). C'est un baron de Charlemagne ( IIX, IX siècles) un des chevaliers principaux, il y a un écart de 4 siècles avec le temps de la composition, c'est un passé lointain mystifié, une chevalerie idéalisée.

La « matière de France »

Cette expression est emprunté au prologue de la chanson de saisnes de Jean Bodel.  Il distingue trois matières, ou fonds thématiques utilisés par les textes médiévaux:

      • Matière de Rome

      • '' '' de Bretagne

      • '' '' de France

...Rome: Légendes de l'antiquité (4 romans conservés en tout), composés au XII siècle = « romans antiques »:

      • Roman d'Eneas (réécriture de l'Eneide)

      • '' '' de Troie (Iliade)

      • '' '' De thèbes (Thébaïdes de Stace)

      • '' '' d'Alexandre

→ anachronismes: transposés à l'époque contemporaine .

Bodel à écrit: « savantes et chargées de sens » = but didactique.

Bretagne: Imaginaire breton, celtique, cette partie est beaucoup plus prolifique, les histoires sont regroupées autour du roi Arthur. On retrouve des lais, des romans de chevalerie, Tristan et Yseult...

Bodel: « irréelle et séduisante » = divertissement.

...France: Centrés autour de la figure de Charlemagne et son entourage, les héros sont nobles (barons, chevaliers), chansons de gestes.

« voient chaque jours leur authenticité confirmée » = valeur de vérité historique, au MA, témoignage sur un épisode célèbre.

Matière à la gloire de la France, exalter l'identité nationale. Thème de CdN (Charroi de Nîme)= démêlés du héros avec le roi de Louis (XII, Le pieu), rapports entre un vassal et son suzerain.

Cycle de Guillaume d'Orenge

Constitué entre XII et XIV. G. Boulet: « ce cycle comporte 26 chansons dont 10 font le petit cycle (qui portent sur Guillaume, son neveu Vivien et son beau-frère Raynouard) …. »

C'est un rassemblement de chansons liées entres elles par des chansons de raccord, écrites à postériori. Une fois que tous les grands exploits étaient narrés ils élargissaient le cycle avec de nouvelles aventures, des épisodes méconnus, des récits de jeunesse etc...)

= il y avait de nombreuses copies c'était un personnage très populaire.

Le CdN est situé entre le couronnement de Louis et la prise d'orange.

Le CdN, chanson de raccords? Dans le prologue on trouve un rappel du couronnement de Louis mais aussi des chansons qui suivent. Mais il se pourrait juste que le prologue ait été remanié pour créer une continuité, une cohérence cyclique.

Caractéristiques de la chanson de gestes

Un sous-genre épique

'gesta' – gerere = agir

gestes= faites et gestes, exploits.

La chanson de geste est la forme que prend le sous-genre de l'épopée au MA.

En 1100, la chanson de Roland à un grand rayonnement.

Qu'est ce qui caractérise une épopée?

      • Narre des exploits héroïques, souvent par des guerriers. (dans la 1ére partie du CdN, on s'éloigne un peu de ça mais narre quand même les exploits passés par la confrontation entre Guillaume et son roi, il montre son caractère de héros en se posant d'égal à égal avec le roi.)

      • l'univers décrit est légendaire (dans l'Iliade, des divinités interviennent), ici nous avons un passé mythique mais pas de surnaturel. Mythe de la grande lignée des carolingiens (Charles Martel, Pépin le bref, Charlemagne, Louis le Pieux) qui sont tous qualifiés d'empereurs, époque des rois honnêtes, des chevaliers valeureux. La France avait un rayonnement extraordinaire qui est idéalisé, ce ne sont pas des réalités historiques (héros # sarrasins, chrétiens # païens).

      • Un univers féodal: essentiel dans le ressort dramatique car les rapports personnels font avancer la chanson. Il y avait un vrai rapport d'hommes à hommes dans la féodalité, quand mécontentement, on ne passe pas par un juriste.

      • Ce ne sont pas des personnages solitaires, ils sont liés aux autres (Guillaume et son neveu, Achille et Patrocle) , l'idéal de la monarchie française – bravoure exceptionnelle.

La composition épique

Comment est construite une épopée?

La longueur est variée mais la chanson de geste est écrite en décasyllabes épiques (10)- césure à la 4ème syllabe ( a minori 4/6).

« Oiez, seignor, / Deux vos croisse bonté »

exception, la césure épique:

« Comme il prist ny/m(es) par le charroi mené »

→ le (es) n'entre pas en compte. Cela permet de marquer une pause forte dans le vers mais garde la souplesse 4/6.

Le nom des strophes est 'laisses ', la longueur est variable, ne renvoir pas forcément à une unité thématique mais toutes les dernières syllabes ont une terminaison similaire.

Le style épique aime :

      • les hyperboles « le meilleur homme qui ait jamais cru en dieu »

      • les images « n'a pas de foin à donner à son cheval » = pauvre

      • les épithètes homériques « le marquis au court nez » « le ber (=le brave) », « a la chiere hardie » (= au visage farouche)

composition des différentes premières laisses du cycle:

      • commencent toutes par « oyez segnors »

      • invocation à Dieu pour plaire à l'auditoire

      • réclame de la chanson avec 2 motifs: la bonne chanson + chanson rare.

      • Place variable à la description du contenu de la chanson.

      • Certains vers sont identiques « c'est de Guillaume le marquis au court nez », « c'est de guillaume au court nez le marquis »...

la récitation

Chanson de geste: car textes fait pour être chantés, récités à voix haute devant un publique par des professionnels appelés 'jongleurs'. Les jongleurs connaissaient le canevas du texte mais la formulation changeait, ils n'apprenaient pas par cœur. Ils pouvaient l'allonger, la compléter ou la résumer selon les situations.

Les auteurs restés anonyme sont appelés les 'trouveurs', il est probable que c'était les même personnes jongleurs/trouveurs. Ils pouvaient être accompagnés d'instruments de musique  mais avec mélodie simple, seuls 2 vers avaient une mélodie particulière (le 1er et le dernier, appelés vers d'intonation et vers de conclusion).

Le publique: apostrophé au vers 1: formule de politesse, ne signifie pas que le publique était noble, au contraire,la chanson de geste est un genre populaire en opposition avec le roman de chevalerie. Dans un château ou dans un cour d'auberge, devant des barons ou au milieu d'une foire. Beaucoup de chanson on des traces de demande d'argent au début, ne chante que s'il est assez payé à l'avance. C'est surement pourquoi les prologues ressemblent à des réclames. Avait souvent lieu après le repas et avant la nuit= souvent pas plus de 2 heures.  Environ 1000 vers à l'heure, certaine vont jusqu'à 40 000 vers, la chanson de Roland en fait 4000.

Les textes sont des aides mémoire, ils notaient aussi les adresses au publique: recréaient un sentiment de communauté car les chansons des gestes servaient à recréer nue identité nationale. A aussi une influence sur les versions des manuscrits: des variantes sur une même chanson.

Conclusion:

On ne peut étudier le charroi de Nîmes comme un roman, on a besoin de le replacer dans son contexte littéraire, social et idéologique du milieu du XII siècle ou Guillaume fait office de héros national dans un chant qui est la célébration épique d'une identité collective. Il est donc porteur des valeurs chrétiennes et féodales à distinguer des valeurs des romans de chevalerie (héros solitaire).

Les structures et les motifs du Charroi de Nîmes

Polycopié n°3

remarques sur la structure du texte

Les petites laisses

Dans le tableau, on voit qu'elles apparaissent de manière régulières (62%) toujours groupées par 3 ou 4 en règle générale. Elle peuvent évoquer des éléments lyriques, descriptifs ou narratifs:

      • lyrique: notamment au pathétique: permettent de créer des //, des jeux de miroirs. La trame du récit reste au second plan, seul compte la parole des personnages et son efficacité poétique.

      • Narratif: (ex: 41 à 45): étape sur la route de Nîmes, l'entrée en ville, affrontement de Guillaume sur les sarrasin. L'action est réduite, elles servent donc surtout à annoncer les laisses qui vont suivre, à brosser le décor, à créer un climat.

      • Descriptions: peu développées (dut à l'esthétique de la chanson de geste). Point de départ à une scène. Détourne attention de la trame narrative= sorte de pause.

Donc: pauses dans la narration, détacher certains éléments que l'on veut mettre en relief (personnage, décor, une certaine formulation). Elles servent de jalons qui donnent à méditer au publique.

Les laisses moyennes

Celles ou vont se situer l'essentiel de l'action. La que vont se construire les scènes le personnages les événements. On peut reconstituer l'action jute avec elles. Entre 20 et 60 vers. Peuvent contenir des récits dans le récit, notamment des retour en arrière, la narration n'est pas toujours linéaire.

Les grandes laisses:

Que 4 dans toute la chanson. Entre 76 et 113. La 1ère est la laisse d'ouverture de la chanson: annonce de toute la première partie de la chanson. 2ème: histoire du marquis Bérenger trahit par le roi (sommet de l'altercation entre Guillaume et le Roi, moment charnière ou Guillaume se rend compte qu'il n'a rien à attendre de son roi et va devoir conquérir son royaume tout seul). 3Ème: épisode dont on pourrait se passer mais entraine le départ de Guillaume pour Nîmes. 4Ème (49): Guillaume est reconnu quand il essayait de se faire passer pour un marchand, bascule à une ruse à un affrontement en ordre de bataille.

Importantes pour le déroulement de l'action et ouvrent vers une nouvelle étape de la narration: fonction dramatique avant une bascule vers un nouveau 'chapitre', vers une nouvelle étape.

Les motifs narratifs

Les chansons de gestes ont un certain nombre de scènes repères, de scènes typiques.

L'assemblée royale (motif de la cour plénière)

Dés le vers 58 et suivants: occupe la première moitié du texte. La cour plénière est la cour rassemblant l'ensemble des vassaux, que pour des grandes fêtes. Les chansons de geste aiment à décrire ces cours plénières, avec des étapes obligée: repas, fête, ou séance de conseil entre le roi et ses plus grands vassaux. Ici sert de cadre à l'affrontement entre héros et le roi injuste.

Début: le héros entre de sa propre initiative sans être invité à la distribution de fiefs. N'est pas vêtu selon le protocole (revient de la chasse). Vient demander des comptes au roi, réclamer justice pour ses services: demande un fief. Ici démonstration de la faiblesse du roi (il est jeune, vient de monter sur le trone et n'est ps digne de son père Charlemagne). N'obtient rien= conquête par lui même= montre sa vaillance au combat et sa largesse. C'est le moteur de l'action de la deuxième partie de la chanson.

Paroles d'insulte et de menace, vantardises, cris de guerre.

Plaintes de Guillaume au roi quand celui ci veut déshériter les ainés des vassaux morts au combat= il manque à son devoir.

Vers 1332: Il se fait tirer la barbe (démasqué) et réagit par la colère

vers 1358: démasqué monte sur une pierre et harangue avant la bataille générale en menaçant les sarrasins.

Divers exemples de paroles véhémente des personnages qui nous introduisent dans un contexte d'affrontement/ très fréquent dans les chansons de gestes.

La parole de remémoration des exploits passés

Quand Guillaume rappel ses exploits au service de Charlemagne. Les formations sont souvent les mêmes, autour du verbe (se) membrer = se souvenir. Beaucoup de passages sur le couronnement de Louis

Le combat au poing (le cassage de gueule)

Régulièrement Guillaume tabasse les gens. Vers 742: quand il tue le traitre devant le roi. Vers 1372: quand il tue une roi sarrasin. Pas de combats: il suffit qu'il frappe une fois pour que les adversaires meurent. Seul héros des chansons de gestes aussi fort, d'ou son surnom « Guillaume Fierebrace » (bras forts).

Motifs rhétoriques

L'armement

Quand le héros s'équipe. Vers 859 et suivants « ….. » les formules sont toujours les mêmes ainsi que l'ordre: le haubert, heaume, épée, on monte sur les destriers, les écus.

Puis on élargit à toute l'armée. V 867 « la on vit tant de heaumes étinceler » formulation typique de la chanson de geste avec un appel à l'auditeur ou on l'invite à s'identifier, ex: « lor veissiez»alors vous auriez vus »

Mais ici le motif est détourné, ne finit pas sur un combat (type sublime, pour impressionner) mais ici on tombe sur la trivialité, description d'un paysan= contraste brutal pour créer du comique.

V 1034/1046: décrit déguisement de guillaume: détournement du motif de l'armement.  Tout est ramené au style bas en décrivant attributs d'un paysan.

La mêlée générale

V1423 et suivants: mise en scène visuelle et très générale de la bataille.

Le portrait du héros.

V12 « il fit beaucoup pour développer la chrétienté » = l'identifie à un style de héros épique, en quelques mots renvoi à toute une tradition.

V51 « était très noble et très vaillant »: description passe partout.

La mobilisation des chevaliers.

V641 et suivants: utilise le thème mais en plus trivial, une part au burlesque: monte sur une table et non pas une hauteur du champ de bataille, cri au lieu de haranguer. Mais en même temps montre l'enthousiasme du héros avant la bataille.

V115 utilisé non pas pour une bataille mais pour un voyage.

31 janvier 2010

Cours 1 et 2

L'Heptaméron de Marguerite De Navarre

Introduction:

Lecture de la nouvelle 62 qui résume les problématiques du livre.

Cette nouvelle est construite en trois parties:

      • Le prologue (qui introduit les personnages qui racontent)

      • Le récit

      • L'épilogue

A son apparition en France, à cette époque, la nouvelle (comme sous genre littéraire)  se définit comme ayant un sujet contemporain, les mots utilisés sont à la fois conte et nouvelles, mais le conte à tendance à nous éloigner « il était une fois », dans un lieu lointain, alors que la nouvelle est contemporaine à sa conception, le territoire est familier, son style est bref et les histoires sont tenues pour vraies. Les premières lignes de la nouvelle 62 définissent bien la nouvelle.

Prologue:

Est un prologue type. On apprend que la nouvelle se déroule à une période contemporaine (sous François I).Il y a 2 dames, elles racontent, sont dans une maison noblière « ses sujets et voisins » permet de situer socialement les personnages. La dame se distingue par le fait d'aimer « écouter et raconter des histoires », il n'y a pas de frontière avec le lecteur, les places sont réversibles. Le personnage est associé à la reine, Marguerite de Navarre, l'auteur.

Il y a une mise en abyme qui renvoi à la littérature orale, l'auteur est en situation de raconter ou d'écouter une histoire.  Il y a un transfert dans un monde savant d'une pratique réputée populaire (cf veillée paysannes). Cela devient un loisir mondain a ne pas confondre avec le désœuvrement.

Elle promet un « beau récit », beau plus dans le sens de plaisir que de recherche esthétique.

Récit::

Reprise du prologue au début, la narratrice insiste sur la véracité du récit (en quoi c'est une valeur intéressante? ). La situation est classique: une vieux mari, une jeune, femme,un amant, on ne s'attarde pas sur ces détails, tout le monde comprend de quoi il est question, le récit est bref, tendu, sans choses inutiles. C'est aussi un récit type,  sans grand intérêt.  Le tempo narratif est important: une situation longue  décrite en quelques mots puis une accélération de l'action.

La chose la plus importante du récit est en dehors du récit, dans l'épilogue est réside dans la chute de contage « moi » . (humiliation sur humiliation).Le lapsus provoque la rupture de l'illusion narrative. Cette rupture met en évidence la double nudité de la femme : une nudité physique provoquée par l'éperon et une nudité morale par sa langue qui fourche. Cela sonne comme deux révélations rapprochées par le rappel du drap « mais il estoit vollé desjà si loing » (= mais il s'était déjà envolé loin, ligne 54).

L'oralité

Elle est au cœur de la scène cadre (des nobles content et écoutent des histoires chez une grande dame). Ces paroles se retrouvent dans un livre : il est établi une conversion qu'on retrouve dans la composition de l'Heptaméron.

On suppose que la grande dame qui reçoit est Marguerite de Navarre. On a donc accès au laboratoire d'élaboration de l'œuvre : le salon où s'amoncellent les histoires. Dans cette optique, l'auteur veut conserver l'idée de passe-temps : en dehors des qualités telles que l' « honneur, [la] vertu, [la] beauté, » (ligne 3)  l'idiosyncrasie de l'auteur est le plaisir de dire des contes. Le lecteur peut alors situer le livre dans l'expression d'un plaisir plutôt que dans un objectif d'apprentissage savant.

Un autre aspect du livre est la réversibilité des rôles, comme une sorte de jeu de rôles mondain : on conte, puis on écoute, puis on conte, etc..

La dimension morale.

Le lecteur peut se demander au début de la nouvelle si la jeune femme sera capable de raconter cette histoire. Elle s'impose dans le cercle : entrée quelque peu brutale. Et, elle va être jugée sur pièce. Son orgueil ne précipite-t-il pas sa chute?

La notion de beauté est étrangère au conte : « je vais vous faire un beau conte » (ligne 12) signifie plutôt : « je vais vous faire un conte qui vous plaira ».

L'intérêt de la succession du devis après le récit permet de comparer les réactions de l'auditoire aux types d'émotions qui sont censées émanés du récit donc le lecteur peut juger de la réussite  du récit.

Comment restituer la nouvelle autour des techniques extrêmement variées?

Cela paraît simple puisque l'Heptaméron a un modèle : le Décaméron de Boccace.

Certes, Boccace est considéré comme l'inventeur de la nouvelle. De plus, dans Défense et illustration de la langue française (1549), Du Bellay avance que les inventions renvoient autant à l'antiquité gréco-latine qu'à l'Italie de la Renaissance.

On vient alors à se poser la question suivante : est-ce que Boccace a vraiment inventé la nouvelle?

>> C'est à la fois vrai et faux :

Vrai parce que le Décaméron est à l'origine de la nouvelle

Faux parce que Boccace n'écrit pas de prologue théorique. D'ailleurs, l'indécision terminologique présente dans le Décaméron prouve cette absence de théorie.

« j’entends, pour le secours et le refuge de celles qui aiment – car aux autres c’est assez de l’aiguille, du fuseau et du dévidoir – raconter cent nouvelles, fables, paraboles ou histoires, comme on voudra les appeler » Prologue, le Décaméron (1349/1353), Boccace

L'auteur refuse donc une seule terminologique : il décrit son recueil comme une association d'écrits : didactiques, parfois ancien, parfois contemporain, etc. : indéfinition du genre. Alors, la nouvelle est un objet de la littérature difficile à circonscrire.

L'histoire de la nouvelle illustre cette difficulté à cerner la nouvelle comme genre. Basons-nous sur les dictionnaires :

      • dictionnaire de Furetière  (premier dictionnaire franco-français), il est écrit que l'histoire peut être « feinte ou véritable » (cf verso de feuille bibliographie)

      • . Et, dans les autres définitions, c'est la même incertitude. C'est bien une preuve de l'indéfinition terminologique de ce genre fuyant.

La première occurrence de nouvelle date de 1414 dans une traduction du Décaméron. La première fois qu'il a été utilisé dans un titre c'est dans Les Cent Nouvelles nouvelles dites du roi Louis XI composées à la cour du Duc de Bourgogne Philippe Le Bon. L'origine de ce terme provient tout simplement de la novela italienne.

Il y a une sorte de jeu sur la proximité du terme dans la création d'un recueil de nouvelles : la nouvelle provient d'une parole (la source), elle est diffusée par l'échange et structurée par l'écrit. C'est en cela que le genre de la nouvelle se dissocie d'un grand genre : qui est l'auteur? Il en découle le sentiment de tradition impure de l'univers varié de ces histoires plaisantes.

Marguerite de Navarre ne s'inspire pas exclusivement de la renaissance italienne mais aussi des histoires pré-existantes du Moyen-Age : de lais, chante-fables, fabliaux par exemple. Plus précisément, la nouvelle 70 s'inspire de La Chatelaine de Vergy, l'univers farcesque des fabliaux se retrouve dans l'Heptaméron (scènes grotesques) ; les recueils d'exemples chrétiens, de vies exemplaires sont à mettre en parallèle avec les personnages de la muletière et de la batelière.

La nouvelle : fragment poétique

La première fois que la nouvelle a été vu comme un genre à part entière a été seulement en 1574.

Le cahier des charges des narrateurs : narrer avec brièveté des évènements récents (= historicité/contemporanéité), identifiés (= véracité) et dignes d'être rapportés.

La brièveté

On trouve de nombreuses remarques des devisants (= conversants) sur la longueur comme défaut. Les nouvelles les plus longues sont les numéro 10, 15 et 70. (10 nouvelles par jours donc nouvelles 10 et 70 sont des nouvelles de fin de journée) :

avant la nouvelle 10 : « Ne craignez poinct à parler longuement, car il y a encores assez de temps pour dire beaucoup de bonnes choses. » (début de page 157)

après la nouvelle 10 : « Je sçay bien, mes dames, que ceste longue nouvelle pourra estre à aucuns fascheuse ; mais, si j'eusse voulu satisfaire à celluy qui la m'a comptée, elle eut esté trop plus longue » (fin de page 195)

Pourquoi cette longueur chagrine?

avant la nouvelle 15 : « Si mon compte est un peu long, vous aurez la patience »

avant la nouvelle 70 : « Je ne puys, dist Oisille pour deux raisons : l'une pour sa grandeur [...] » (début de page 657)

L'auditoire est donc comme un petit enfant qui a du mal à être patient et qu'il faut divertir.

La brièveté est donc valoriser (d'ailleurs, le plus souvent, le bref est dans le comique). Nomerfide, spécialiste en petites histoires comiques, dit après la nouvelle 11 : « Il me semble, mes dames, que ce compte n'a esté ne long, ne melencolicque, et que vous avez eu de moy ce que vous en avez esperé? » elle a répondu aux attentes du public (fin de page 202).

Elle dit également avant la nouvelle 68 : « Selon ma coustume, je vous le diray court et joieulx. » (page 649) Ici, il faut remarquer l'association de la brièveté avec la joie. La compensation des termes  et les chutes caractéristiques du bref engendrerait le rire alors que le piteux (associé à long) serait engendré par une narration plus élaborée.

C'est un art de narrer avec brièveté, mais elle n'est pas théorisée : c'est une considération très pragmatique : il faut conserver l'attention de l'auditoire : les contes et nouvelles demandent rapidité et concentration car ils  se racontent en une seule fois.

Cela est engendré par leur définition de nouvelle réussie : une nouvelle pendant laquelle on prend du plaisir (= passe-temps). Or, le plaisir est engendré par l'émotion, aussi bien du rire que des pleurs. Donc, il faut un taux de productivité d'émotions importante =  lien tacite entre gaieté et brièveté.

L'historicité et contemporanéité

La nouvelle est une information récente : une histoire qui vient d'arriver. Donc, une nouvelle ne peut être ancienne. (attention, effet d'affichage : souvent reprise d'histoires antiques).

Les personnages ont alors le soucis d'inscrire leur histoire dans l'actualité ou dans un passé récent.

« Dira chacun quelques histoires qu'il aura vu  ou ouï dire », prologue de l'Héptaméron

Ce point soulève une différence avec le Décaméron :ou les personnages n'excluent pas le merveilleux ou l'antique.

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